jeudi 26 février 2015

Chapitre 2 :Vivre ou mourir

SAYED TRAUMA FABRIK… c’était le nom de celui qui menait les hommes du Tahari et qui observait ce Torvi mourant à ses pieds.

 Le Sheik de ces hommes envahissant le Nord semblait réfléchir, ses yeux noirs transperçaient l’homme comme pour sonder qui il était et ce qu’il allait faire de lui.Il avait perdu énormément d‘hommes... trop... la lassitude le gagnait de cette guerre sans fin qui tuait des générations entières.Son cœur s’était noirci d’un sentiment qui transforme la rage en résignation : il ne croyait plus à la victoire ,  il ne croyait plus à SA victoire.

Il avait fait ramener chaque mort à son camp pour leur offrir sépulture décente... la sépulture des hommes du Sable ou seul la flamme et quelques grains du désert de leur terres sont consumés. On lui avait amené ce qu’il croyait être un de ses guerriers :  méconnaissable ..aucun Tashid n'était capable de mettre un nom sur ce combattant portant le Scimitar de leur peuple. Le physique puissant de l’homme l'avait vite trahi comme un ennemi :  le Torvi à la taille haute et le torse puissant... les cheveux épais et longs et une barbe qui lui permet de se protéger du froid.Le combattant était jeune encore , blessé gravement au point d’y perdre la vie s’il n’était pas soigné.
 Son visage coupé en deux par une lame et son corps cisaillé de toute part rendait improbable toute survie... et pourtant... il voyait clairement son torse se soulever d’une respiration poussive que seule la volonté pouvait tenir.

L’homme du désert y verra un signe.  Tout ces hommes de son sang qui avaient péri et celui-ci qui avait été amené à lui comme l’espoir de vie. Et ce Scimitar ancré dans sa main... cette arme propre aux hommes du désert qu’il tenait comme le dernier fil le retenant à la vie : comme l’arme qui changerait désormais son destin.  Il décida de sauver une vie encore... une seule... pour ramener le soutien des divinités de leur peuple.Il voulait en apprendre plus sur ses ennemis et savait que la reconnaissance aiderait à terminer cette guerre. Il ordonna la survie de l’homme , remettant sa vie aux physiciens nomades qu’il avait amené avec lui pour la campagne d’invasion.

De nombreuses semaines furent nécessaires pour que l’inconnu reprenne conscience. Son dos avait été couturé et soigné sur un délai très court mais tous les soins et le savoir-faire des Verts du Sud n’avaient pas suffi à sauver cet œil qui s’était infecté. Les tissus étaient morts par manque de réactivité... le nerf de l’œil s'était éteint en même temps que toute lueur de vie dans cette prunelle touchée par la lame . La cicatrice barrant sa joue était restée impressionnante  ; à se demander comment le crâne n’avait pas été scié en deux... Pourtant :  les chairs s'étaient refermées et lui donnaient un visage particulier :  double face où le côté gauche appelait la mort et la dévastation... et où la droite, complètement indemne, montrait le gâchis d’une gueule qui avait dû séduire.

La convalescence se fit dans un long apprentissage de cette langue si particulière du désert : une sorte de Goreen détourné par les hommes du Tahari qui n’avait rien à voir avec les sons gutturaux de son village

L’homme dénommé Drakkon se révélera un fils de Haut Jarl . Un guerrier ayant fait ses preuves aux yeux de son père qui lui destinait sa succession. Il était assez jeune pour se rappeler de son enfance... mais pas assez vieux pour avoir connu plus d’un comba :  le seul et unique restant celui où il était tombé, trahit par ses frères.Il prenait la bénédiction de son sauvetage avec tout la détermination de celui qu’il sait que cela l’aidera à se venger et qui est clairement conscient de sa chance.

Il regagnera assez vite les capacités de mouvement de son bras ,  de sa poigne tenant le scimitar qui lui avait donné ce nouveau départ dont il apprendra doucement le maniement  et de ce dos qui malgré la perte de souplesse dû à la blessure se renforcera par d’autre atouts.L’œil borgne n’était plus un handicap :  sa cervelle compensait rapidement la perte de l’organe et bientôt l’équilibre et la vision se fera même en 2D... anticipant par des mouvements plus nerveux de la nuque pour survoler chaque angle.La façon dont les hommes de ce camp balbutiaient son nom l’amusait au plus haut point . A croire que la langue Taharienne ne supportait pas les consonnes fortes : Il se prenait du DwaKon ou du Diiiakkkkon régulièrement mais finissait souvent par être nommé le Shietan... l’étranger...

Il n'était plus Torvi... Il n'était plus guerrier... mais uniquement cela... un survivant... un Sheitan entre deux peuples.


mercredi 25 février 2015

Chapitre 1 : Le combat


  La première sensation qui le transperça fut ce froid glacial qui gagnait son dos. Son regard cherchait à s’ouvrir et chaque fibre de son corps semblait brisée. Ses doigts se repliant dans l’agonie venaient s’enfoncer dans une matière glissante et gelée... la neige piétinée avait transformée le terrain en une immense mare de boue.
Un silence surprenant l’entourait... aucun souffle... aucune voix ne s'élevait dans cette plaine du Nord où s’était déroulé un des plus grands combat entre les Tahariens et les Torvis.


L’effort pour tourner le visage lui arrachait un grognement douloureux... il cherchait à se rappeler... à ressentir... à retrouver assez d’énergie pour se redresser et signifier qu’il était en vie... Un voile rouge masquait sa vue... son visage poisseux de sang sur tout un coté semblait touché et l’empêchait de retrouver des repères visuels. Une nouvelle immobilité lui permettait de faire un scan rapide de son état de santé... ses poumons n’étaient marqués par aucun claquement indiquant une blessure... sa jambe droite cisaillée par une douleur cuisante semblait transpercée... la cuisse n’arrivant plus à contracter le muscle et l’ordre indiquant aux orteils de se mouvoir restait sans réponse : marquant une fracture importante qui l’empêcherait de marcher. Chaque main pouvait agiter les doigts... la poitrine lacérée avait subi quelques attaques légères qui rendaient son torse poisseux de sang mais qui n'entraînerait aucun séquelle. La douleur était dans son dos... la colonne transpercée par un coup de hache qui l’avait cisaillé de l’épaule aux reins... entamant la chair assez profondément pour que tous les muscles se tétanisent dans la douleur.


Il devait se relever... se redresser assez pour savoir ce qu’il faisait seul au milieu de ce silence affolant. Où étaient ses hommes... ces guerriers Torvis qui avaient combattu à ses cotés... Le Nord était-il victorieux ?

Il poussait sur sa jambe valide dans un effort progressif... chaque centimètre vers le haut assommait son corps malmené d’une douleur insupportable.
La plaie séchée de son dos s’ouvrait sous l’effort, écartait les chairs et laissant couler cet hémoglobine chaud le long de son ventre. Désormais à quatre pattes sur une boue collante... il voyait le filet de sang qui lâchement coulait le long de sa joue pour mourir au sol dans un mélange rouge et brun... Son œil était touché... sa vue transformée par un handicap qui lui faisait perdre tout repère. Il n’avait plus rien du guerrier à cet instant... c’était un corps déchiré par les blessures qui n’arrivait plus à se redresser... seul... au milieu de ces morts lâchement abandonnés sur place comme si leurs morts ne méritaient pas traitement funéraire plus respectueux.


La mémoire lui revenait doucement: le combat... cette lutte sans merci commandée par son père pour chasser les envahisseur du Sud de leurs Terres... cette guerre sans pitié qui avait trouvé son épilogue sur cette plaine neigeuse... le long combat qui avait usé chaque homme... chaque lame contre un ennemi qu’on accompagnait dans la mort.

Il se souvenait qu’ils étaient en train de gagner... dominant le combat et malmenant les autre troupes. Il s’était placé en première ligne... avançant... frappant... tuant sans merci, ses hommes alignés à ses côtés pour ne laisser aucune chance à l’envahisseur. Pourquoi... pourquoi avait-il été surpris par un survivant derrière lui ?

Il avait tout d’abord été touché dans le dos par un ennemi invisible... la hache transperçant son échine sur toute la hauteur et l’assommant assez pour que le guerrier chute à genoux... les coups martelant son corps pour l’achever l’avaient frappé dans une demi conscience... il n’avait même pas eu le temps de voir le visage de l’homme qui l’avait terrassé... le trou noir l’aspirant quand la puissance d’un dernier coup de lame était venu le frapper sur le côté droit de la face, plongeant sa conscience dans une explosion rouge sang et douloureuse qui l’avait fait s’écraser au sol.Il se souvenait désormais de cette voix qui s’était posé au-dessus de lui un peu plus tard... timbre et dialecte fort propre aux hommes du Nord et contact le soulevant pour vérifier sa survie. Il avait entendu son nom... Incapable de lever les paupières en reconnaissant la voix du bras droit de son père... Il respirait... sa poitrine s’était pourtant clairement soulevée pour afficher la survie... Tout artifice qui faisait de lui un Torvi et l’écharpe qu’il portait autour du cou avait été dénouée comme pour masquer son origine... le corps maculé de boue et de sang ne conservant désormais plus aucune couleur.

Résonnait encore dans son esprit la traîtrise de l’homme qui avait indiqué un " Il n’y a aucun survivant ici... nous avons les nôtres, les Tahariens viendront chercher leurs morts s’ils le souhaitent. Nous partons! " qui avait signé l’arrêt de mort du Torvi blessé.

Trahison de son peuple... trahison de celui qui se disait le bras droit de son père... trahison de celui qui avait juré protéger les Torvis de l’envahisseur et de marcher à ses cotés fidèlement malgré son jeune âge... son sang s’était glacé dans ses veines sous une colère sourde... le manque de force l’assommant pour une inconscience immédiate hantée par un désir de vengeance.

Son visage se tournait pour observer autour de lui... réalisant que des Larls attirés par l’odeur du sang et de la mort viendrait jouer les charognards sur les cadavres restants. Il devait s’éloigner de ce garde-manger mortel... Saisissant la lame inclinée d’un des Tahariens, Scimitar arqué dont il connaissait peu l’usage et l’accrochant à son dos comme une machette. Il décida de survivre... de survivre assez longtemps pour se venger. Chaque mouvement était pénible de douleur... chaque souffle gonflant son torse électrisait la plaie de son dos... mais il devait avancer... tenir...

Il soumettait à son corps un dernier effort poussif, ses bras accrochant le sol pour venir ramper vers l’avant et s’éloigner de l’endroit... la jambe marquant la boue d’une traînée de sang et son corps s’arquant pour s’isoler le plus loin possible.

L’obscurité l’entourait quand il se considéra en sécurité, se glissant dans une sorte de tanière semi dévastée dont l’odeur forte suggérait la présence récente d’un animal. Les traces de lutte au sol ne laissaient aucun doute sur l’issue du combat... et la tanière vide de présence lui servit d’abris pour la nuit...

La fièvre le gagnait à mesure que ses plaies boueuses s’infectaient. Il ne ferma pas l’œil une seule seconde... le regard voilé de colère et de douleur... le corps agité des tremblements de la maladie infectieuse.

Il se promettait à cet instant de survivre jusqu’au lendemain pour se venger de ces frères qui l’avaient trahis.